À moins d’un mois des élections européennes et au moment où l’Assemblée nationale vient de débuter l’examen du Projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture, la filière des Volailles Françaises lance un cri d’alarme. Deux groupes industriels ukrainiens, MHP et PCC, dirigés par des oligarques, projettent d’installer deux gigapoulaillers-usines en Croatie. Un véritable pied de nez aux professionnels français et européens des 27 États membres qui, malgré la récente mise en place de la mesure de sauvegarde sur les importations de poulet depuis l’Ukraine (limitation des importations européennes à 137 000 tonnes pour 2024), dénoncent depuis des années l’exonération des droits de douane sur les volailles ukrainiennes.
La filière française rappelle en effet qu’elle peine à lutter contre les importations : 1 poulet sur 2 consommés en France est aujourd’hui importé. Elle demande ainsi aux candidats au Parlement européen de se prononcer clairement contre le soutien financier de l’UE à ce type de projets (BERD, BEI, etc.). La filière souligne en outre que le Groupe agro-industriel intégré MHP a déjà reçu près de 400 millions d’euros de la BERD - Banque européenne pour la reconstruction et le développement - depuis 2008.
L’installation de giga-fermes en Croatie ferait passer la production de ce pays de 45 millions de poulets par an (la Croatie est autosuffisante à 95 %) à 235 millions. Cette augmentation correspond à la production de poulets de la région des Pays-de-la-Loire ! Ce serait sans nul doute un nouveau déferlement de volailles élevées à l’encontre des attentes des citoyens (élevages de taille familiale, réduction de l’utilisation d’antibiotiques, décarbonation, etc.) et de tous les principes prônés par l’Union européenne, notamment dans le « Green Deal » et la stratégie « Farm to Fork ». Ces volailles, issues de poulaillers d’un genre inédit en Europe, constituent une menace pour la production française et le modèle agricole familial de l’Union européenne : une concurrence à bas coût sur le marché national constituant un frein à la souveraineté alimentaire du pays.
Ces giga-fermes représentent ainsi un grave danger pour les éleveurs français, quant à eux confrontés à d’importantes résistances pour répondre à la demande des consommateurs français avec des Volailles Françaises. En effet, dès qu’ils veulent moderniser, agrandir ou installer des élevages sur le territoire, ils font face à des difficultés administratives et des levées de boucliers de la part d’associations militantes.
Loin des orientations stratégiques de l’Union européenne en matière agricole et du modèle familial français, responsable et engagé pour une rémunération équitable des éleveurs avec la contractualisation, ces groupes à capitaux étrangers ont la mainmise sur tous les maillons. Depuis la fabrication des aliments, en passant par les couvoirs, les élevages, l’abattage des volailles et leur transformation : ils concentrent toutes les activités et les centralisent en un même lieu dans des installations XXL pour diminuer encore les coûts de production. L’un des nouveaux projets prévus en Croatie par le Groupe agro-industriel intégré MHP envisage la construction de 200 poulaillers représentant 8 millions de poulets (pas forcément réunis sur le même site - en Ukraine les poulets sont généralement répartis sur des sites d’une quarantaine de bâtiments pour 2 millions de volailles). De plus, ces installations seront complétées par la construction d’usines de fabrication d’aliments, d’abattoirs et de logements.
La filière des Volailles Françaises a réussi à maintenir un modèle de diversité unique au monde. Les professionnels français ont en effet la particularité d’élever 8 espèces de volailles différentes (poulets, dindes, pintades, canards, oies, cailles, pigeons, coquelets) selon 4 modes d’élevages distincts (standards, Certification Conformité Produit, Label Rouge et Bio) qui permettent de répondre aux différentes attentes des consommateurs. A la tête d’élevages de tailles modestes et de fermes aux activités diversifiées, les éleveurs de volailles françaises jouent un rôle essentiel dans la biodiversité des territoires. Selon la récente analyse du Recensement Agricole, 70% des 14 000 élevages français de volailles comptent moins de 29 000 animaux. De plus, 23 % de volailles françaises sont élevées dans des fermes diversifiées avec d’autres activités agricoles.
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