Importations, bien-être animal, déforestation : la filière mobilisée pour des décisions européennes rationnelles

10 décembre 2025

IMPORTATIONS : les importations massives de volailles favorisées par des accords commerciaux aberrants

 Mercosur : les filières agricoles françaises appellent le la France à bloquer l’accord

© ANVOL

Les vingt-sept États membres de l’Union européenne procéderont au vote, le 19 décembre 2025, pour décider de la ratification de l’accord entre l’UE et le Mercosur. Les professionnels demandent solennellement au Président de la République de mobiliser une coalition d’États membres pour former une minorité de blocage au Conseil de l’Union européenne et de refuser toute signature ou application provisoire de l’accord.

Une lettre ouverte lui a été adressée sur le sujet par ANVOL (l’Interprofession de la volaille de chair), aux côtés d’INTERBEV (l’Interprofession Élevage et Viande), d’AIBS (l’Association Interprofessionnelle de la Betterave et du Sucre), d’INTERCÉRÉALES (l’Interprofession de la filière céréalière française), et de Bioéthanol France (producteurs d’alcool agricole à partir de betteraves, blé et maïs et de déchets et résidus sucriers et amidonniers).

En effet, depuis des années, la France se faisait la garante d’une ligne claire : pas d’accord avec le Mercosur sans protection réelle pour les filières et les consommateurs, ce qui n’ers plus le cas. Aujourd’hui, au nom de garanties illusoires brandies par la Commission européenne, le pays s’apprête à valider un texte qu’elle dénonçait encore il y a quelques mois. En effet, ni les volumes d’importation, ni les écarts de normes, ni les conditions de concurrence n’ont évolué depuis la signature du texte en décembre 2024.

Les clauses de sauvegarde présentées comme un bouclier ne sont qu’un leurre. Leur activation suppose de prouver un dommage grave et un lien direct avec les importations, au terme d’une procédure longue, lourde et inadaptée à la vitesse à laquelle les marchés et les filières se déstabilisent.

L’acte additionnel proposé par la Commission (COM(2025)639), censé accélérer les procédures, n’apporte aucune protection économique supplémentaire. Ses seuils de déclenchement (hausse de 10 % des volumes ou baisse de 10 % des prix) sont purement indicatifs, sans effet contraignant et inapplicable pour certaines filières.

Le suivi des importations, fondé sur des codes douaniers trop généraux, empêchera tout contrôle ciblé en particulier sur les marchandises à plus forte valeur. Dans ces conditions, la clause de sauvegarde n’est pas un outil de protection, mais un dispositif administratif réactif, activable seulement quand le mal est déjà fait. Elle ne corrige en rien les faiblesses structurelles de l’accord : un accès élargi au marché européen pour des produits issus de systèmes de production moins réglementés, moins traçables et ne respectant pas les exigences environnementales, sanitaires ou de bien-être animal imposées au sein de l’Union européenne.

Quant aux « contrôles renforcés » évoqués par le Chef de l’État, ils sont inexistants dans les faits. Les audits réalisés par la Commission européenne, notamment au Brésil, ont mis en évidence l’utilisation de substances interdites en Europe et des manquements graves, sans qu’aucune mesure corrective n’ait été appliquée. Sans agrément préalable aux importations, il serait illusoire d’y voir une réponse suffisante aux distorsions de concurrence entre nos systèmes de production.

Clauses miroirs : une accélération du travail indispensable

ANVOL demande que toutes les importations actuelles soient soumises à des obligations identiques à celles des volailles françaises, et non à leur simple équivalence, en particulier en ce qui concerne les réglementations liées aux antibiotiques, facteurs de croissance et déforestation. De plus, l’Interprofession demande qu’un dispositif de contrôle du respect de ces mesures soit mis en œuvre, à la fois sur les zones de production et aux frontières.

Selon FranceAgriMer, les importations européennes de viande de volaille en provenance de pays tiers ont augmenté de 11 % au premier semestre 2025, avec en tête le Brésil (38 %) et la Thaïlande (19 %).

Sur le sujet des poulets thaïlandais, ANVOL rappelle qu’un accord européen de libre-échange pourrait être ratifié d’ici la fin de l’année, diminuant les droits de douane et ouvrant ainsi la voie à de nouvelles importations massives de volailles à bas coûts depuis cette provenance.

Ukraine : des avancées sur la limite des importations, mais un modèle moins-disant impossible à concurrencer

Sur le volet ukrainien, l’Interprofession se réjouit de l’accord voté le 29 octobre sur l’application du nouveau quota aux importations de viande de poulet limité à 120 000 tonnes à partir de 2026. S’il est plus élevé de 30 000 tonnes par rapport à l’accord en vigueur avant la guerre, il reste en effet bien inférieur aux volumes importés depuis le début du conflit en 2023 et 2024. Les messages de la filière, au niveau français, mais aussi au niveau européen, ont, dans une certaine mesure, porté leurs fruits.

Par ailleurs, si ANVOL se félicite que l’accord conditionne le maintien de ce nouveau quota de 120 000 tonnes à la mise aux normes européennes, sous 3 ans, des élevages ukrainiens en matière de bien-être animal, l’Interprofession souligne qu’il n’effacera pas toute distorsion de concurrence. En effet, la France ne peut concurrencer ce type d’importations en raison de la faiblesse du coût du travail et d’un modèle d’élevage de fermes-usines, impliquant des centaines de poulaillers sur un seul et même site.

EN SAVOIR PLUS :
En France, un élevage de volailles standard est limité à deux poulaillers (soit entre 40 et 60 000 poulets) alors qu’au Brésil, en Ukraine ou en Thaïlande, ce nombre peut grimper jusqu’à 2 millions.

TRANSPORT : Une proposition de nouveau règlement, générateur de +46 % de Gaz à Effet de Serre

ANVOL demande à l’État de se prononcer contre l’application d’une nouvelle réglementation sur le transport des animaux. L’Interprofession souligne en effet l’importance de tout d’abord fait appliquer la réglementation existante à tous les pays membres, ce qui est encore loin d’être le cas. La protection des animaux durant le transport est en effet déjà strictement encadrée réglementairement (Directive 2007/43/CE dite "poulet de chair", règlement 1/2005 sur le transport).

En outre, les seules exigences d’espace supplémentaire envisagées dans la nouvelle réglementation entraîneraient un surcoût chiffré par l’ITAVI à plus de 526 millions d’euros pour la filière des volailles de chair. En contradiction avec tous les objectifs de décarbonation et de préservation des ressources, les nouvelles contraintes de densité et de hauteur de caisses généreraient +46 % d’émission de gaz à effet de serre et l’utilisation de +46 % d’eau.

 

Soja non deforestant : le report du règlement européen pour éviter la déstabilisation des élevages

La filière des volailles de chair soutient les objectifs du règlement européen 2023/1115 visant à lutter contre la déforestation. Cependant, les annoncent successives et le manque de visibilité sur son application, prévue au 30 décembre, génèrent une forte instabilité pour les entreprises et les chaînes d’approvisionnement. C’est pourquoi ANVOL demande un report de l’application du règlement d’au moins six mois, en particulier pour les produits dérivés du soja.

Ce délai est nécessaire pour :

 

La filière volaille française s’est en effet engagée, à travers son Pacte Ambition, dans une trajectoire de progrès. Ce pacte fixe notamment un objectif central : assurer dès 2025 un approvisionnement 100 % durable en alimentation animale. Cet engagement, structurant pour les élevages comme pour les entreprises amont, constitue un marqueur fort de la transition que nous conduisons collectivement.

Les fabricants d’aliments destinés aux élevages de volailles se sont engagés dès 2022 dans le Manifeste des Fabricants d’Aliments pour le Soja, qui couvre près de 80 % de la production française. Les progrès sont réels : en 2024, 84,4 % du soja utilisé par ces entreprises présentait des garanties de non-déforestation, et les données provisoires du premier semestre 2025 indiquent un taux de 97 %. Ces résultats montrent que la filière est déjà largement engagée dans la trajectoire voulue par le règlement.

© ANVOL

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